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Melting pot
17 septembre 2006

Vacances tranquilles

En vrac, les phrases telles qu'elles me viennent là ce soir, parce que je suis au delà de la fatigue.
Départ anxieux. Rencontre avec l'équipage. Mouais. Premiere soirée, découverte de Gaelle et Laurent déjà vu. Bonne sensation de rigolade. Le bateau. Une merveille de 15 m, effilée, blanche, luxueuse, faite pour la course en vent arrière. Première baie, tranquille. Nautamine, pendant 2 soirs. Personne n'aura le mal de mer. J'adore les mouvements du bateau. J'adore me tenir bien calée sur mes cuisses, accompagnant les mouvements avec mes hanches et mes genoux. Tres sensuel. Les bruits de la mer. Le silence et juste le choc des vagues sur la coque. Dodo.
Traversée. On m'explique rapide les boutes (? l'orthographe sera approximative) - les cordes mot proscrit sur un bateau, les manoeuvres, l'arrivée au port, la grande voile, le genois, les pares bat (?). J'essaie de me souvenir, au fur et à mesure, mais c'est un peu trop rapide.

27 h de traversée. Le grand large. Plus aucune terre en vue. Plus rien, si ce n'est l'horizon bleu de la mer. Même pas un voilier. On se partage les quarts, de 2 h chacun. On en fera 4 avec l'escrimeur. On voit des dauphins, j'imite à la perfection Flipper. Un nous accompagne tout près de l'etrave. Une beauté qui glisse dans l'eau et la fait sienne, joue avec la mer et avec nous. Mer d'huile, merci le moteur. CAp au 110. Quart qu'on suit avec mon amoureux, accompagnant les demoiselles d'avant (gaelle et la copine du capitaine, Maitre apres Dieu à bord, mais nous y reviendrons), de 10 à minuit. On prend enfin le quart de minuit à 2h. Le bonheur. Il fait froid, humide. J'ai sorti les pulls, cirés. Enfilage du gilet de sauvetage, du baudrier, accrochage au mousqueton. Nuit noire, puis brouillard, on est seuls les autres dorment. On parle. Seuls sur la mer. Fluctuations des brumes, sensation d'être seuls au monde, enfin tranquille. Plénitude de la solitude à deux, inquiétude de la responsabilité, on est quand même huit à bord...L'un des meilleurs moments pour moi. Je pense aux courses en solitaire, se retrouver face à soi, peu dormir, avec juste l'élément liquide, toi, et le bateau qui bouge sans arret. Exaltation, vraiment.
Mais je me pieute crevée. Les suivants joueront du moteur et de la voile, nous reveillant sans cesse.
Je craque un peu. Me sens nulle, tout le monde avait navigué, sauf moi.
Arrêt dans des baies désertes, je flippe et flipperai tout le long du voyage des winch(?), sorte de freins pour les cordes des voiles. J'adore tirer les boutes, hisser les voiles, mais je flippe de les laisser filer (choquer le genois). L'ai fait une fois, par vent fort, le boute m'a filé entre les mains, la voile était emportée par le vent, cramé les mains. Il y a eu peu d'explications quand même je trouve. Je m'engueule avec l'escrimeur à ce sujet. Oui, au bout d'une semaine je ne sais pas que la manivelle du winch n'EST pas le winch. Bref.

Et puis l'horreur. La copine du capitaine, un pote à ced, est une vraie conne. Je l'avais senti dès le début. L'avais dit à ced. Elle s'est révélée une vraie connasse, ne participant JAMAIS à la navig, mais adorant laver le pont dès qu'on arrivait quelque part. Quitte à engueuler les gens qui voulaient prendre une douche après. Donnant sans arret des ordres. Ne touchant pas un boute, mais disant "faut les enrouler après une manoeuvre". Ordonnant de laver les verres, demandant de lui passer de la creme dans le dos, s'épilant les mollets, puis les cuisses, puis le maillot à longueur de journée.
Elle nous a malheureusement très fortement soudée contre elle. Elle voulait decider de tout, les courses, ce qu'on mangeait (obligé de lui faire des haricots parce que madame n'aimait pas le cassoulet), ce qu'on buvait (les alcools forts à notre charge, sauf le rhum de son copain, pris sur la caisse commune..). Le capitaine super mal à l'aise, parce qu'au bout de 3 jours, on se foutait de sa gueule, à cette pauvre conne. Elle avait une amie à bord, avce qui je me suis entendue aussitot, et elle n'a pas supporté cette soudaine amitée. Et puis les blagues sur son dos, parce qu'on n'en pouvait plus. Pov capitaine, qu'elle traitait comme un con. Mais qu'est ce qu'elle nous a fait rire mon dieu...Les connivences, les sourires taquins, les blagues sur elle..

La vie sur un bateau, somme toute plus petit qu'un appart, avec 6 personnes que tu ne connais pas. Et ben on s'est eclaté. Pipi caca / cul dès le deuxième soir. Festival bon enfant de ce qui peut se dire de pire. Regression totale, mais franchement ce qu'on a rigolé. Donc les chiottes. Ben c'est simple sur un voilier, tu jettes pas le papier, et tu pompes pour evacuer...Je laisse imaginer les hourras quand quelqu'un pompe pendant 5 mn. Evidemment, la copine du pitaine a été la seule a devoir faire face à une remontée intempestive de merde dans les chiottes (eh oui, quand le bateau gîte trop, ou que la cuve est pleine hop, ça remonte).  Larguage de la cuve au large. Grand moment scato, et recrise de fou rire.Faire la bouffe. Ca m'a rappelé les fouilles archéo. J'ai pas trop fait à manger, mais beaucoup la vaisselle. Mais le bol de raviolis buittonis, penchée à 35°, dans le vent, avec le soleil qui tape, après 5 heures de navig, c'est du gastronomique.

Les retours sur terre. Personne n'a eu le mal de mer, ouf. Mais le mal de terre..On l'oublie celui là, le traitre. Le cerveau, le corps s'habitue à équilibrer les mouvements du bateau, assez rapidement. On reste deux trois jours en mer, à se poser dans des baies, à plonger et dire bonjour aux poissons, aux vides vertigineux des côtes, aux bleus marines ou lapis lazulis de l'eau, et puis on débarque, assurés d'être dans son milieu, et le corps, ce salaud, a tout rectifié.
Alors on marche, un peu comme sur un matelas pneumatique, on se dit que ça va, que c'est de la connerie. Et on va aux chiottes (eh oui, encore), enfermée entre 4 murs,et là on se cogne aux murs, on tangue, on a le tournis, c'est marrant, on est bourré sans avoir rien bu. Grand moment avce gaelle à se prendre des murs et à rire comme des bécasses.

Les moments qui te font sentir vivant au delà de tout mots.. L'entrée dans le port de Calvi. Je barre (je conduis). Ca fait déjà 2 heures que je suis accrochée au volant (oui, on n'avait pas de barre mais 2 volants), regardant les penons, demandant de  choquer le genois et de border la bôme. Le soleil tape, l'ambiance est bonne (sauf la conne exilée pour s'epiler), on me met de la musique, années 80, bon, Cargo de nuit de Bauer me fait rire, madness, les negresses vertes, ub 40, un bon vieux reggae et je danse à la barre en entrant dans le port, je sens sous moi le monstre assagi, les 15 m du voilier qui réagissent avec retard à mes décisions, pas mal d'inertie, mais je suis carrément bonne à la barre, sans jeux de mot, sentir ce mastodonte avec ses 8 personnes, sentir le vent qui gonfle les voiles, savoir qu'il faut aller un peu plus à tribord parce que la gande voile est pas tout à fait tendue, quel pied. Jamais je n'ai ressentie ça. Et le capitaine qui te fait confiance, descend dans le carré faire son point, tu es maitre du bateau, c'est la folie des grandeurs.

Et l'intelligence de la navig. J'ai été la seule nana à faire des triangulations, je pense parce que ced avait dit que j'aimais les cartes, et que j'avais été cartographe. Se triturer le cerveau pour connaitre ta position par rapport à la côte, sans GPS, et ce mot, triangulation, qui m'a toujours fascinée. Trouver seule son cap, decider seule de la route à suivre...

Les cartes postales, les baies désertes que seuls on peut atteindre, les relations entre voiliers, barrer penchée à 40 ° alors que tout le monde se tient accroché, parce que sinon c'est direct dans l'eau, les arrivées au port, les rigolades avec les autres personnes du port...Et les Corses.

CES GROS CONS. LES CORSES SONT DES CONS POUR LA PLUPART. Pas un sourire, pas un bonjour. Bon, ça, à la rigueur, sur la cote d'azur; tu as l'habitude. Ici, tu le sais. C'est limite tacitement compris.

Mais ce qu'il s'est passé dépasse mon acceptation.
J'ai eu peur, a posteriori, vraiment peur. M'en suis pas rendue compte d'abord. La peur est venue après.
Un soir, le mardi 12 je crois, on est sorti tous les 6, sans le capitaine et sa connasse, pour un restau. dernier plan foireux, la conne  s'est pris la gueule avec son mec et nous a planté dans le restau, sans nous dire s'ils venaient ou pas. Bref. Apéros. Moi,Ced, et son pote picolons bien(on est 3 filles 3 garçons). Les 3 autres raisonnablement. On decide les filles de rentrer au bateau. Les mecs vont dans un bar avec musique. Tout le monde est un peu chaud, on a parlé toute la soirée de la connasse, estimant que ce soir elle depassait les limites. Plus personne ne veut repartir avec elle.
On rentre entre nanas. Je reste avec gaelle, avec qui je me suis tres bien entendue, discuter 1h sur le pont, et on va se coucher. Vers 5h, j'entends du bruit, il pleut pour la 1ere fois, et un mec gerbe à fendre l'âme. Je me dis "ils sont rentrés". J'attends un peu, et ced n'apparait pas. Merde. Je sors, personne sur le pont, je suis en slip et t shirt, je fume une clope, un peu inquiete. Viennent 2 gars, en uniforme. Gendarmes.
"Bonsoir, vous connaissez un laurent et un cedric, dont la femme est sur le bateau?"
Je dis oui, me disant qu'ils sont au poste, et ont cassé des trucs.
"Ils sont à la clinique, rien de grave, une dizaine de corses leur sont tombés dessus, mais ils avaient bien bu, ah ah ah".
Je reste sur le cul, ils repartent, je les remercie même d'être venu. Je fume ma clope, me dis, ya rien à faire, il est 5 h du mat, sonnée je pense me recoucher. Et le capitaine, celui qui ne dort jamais, se leve et me demande "qu'est ce qu'il se passe". Je lui raconte. Il est accablé, il a eu un message sur le portable ya 5 mn "on est à la clinique, laurent s'est fait agresser". Je ne sais pas comment réagir, je reste froide. Enorme envie de trouver le bar et de leur casser la gueule ou de faire un esclandre. Debile. La copine arrive, chialant, je la meprise, ele reveille l'autre nana.
On se fait du café, fred le capitaine dit on va leur apporter des affaires à la clinique ( laurent, chilien, devait rentrer par avion le lendemain).
Je pense encore que ced va bien, qu'il reviendra sur le bateau.
Fred me dit ya un bus à 8h. Il est en fait à 7h30, on le rate. Taxis. Ils ont été transportés à porto vecchio, plus équipée.Je commence à flipper. Surtout que j'ai eu ced au tel. Laurent a une fracture de la machoire, il doit se faire opérer. Ced pisse du sang, il a mal au rein. Mais je ne réalise pas. On part en taco, 50 euros. On arrive là bas, ils  nous expliquent que laurent  a discuté avec une nana corse(oui, il est parfois chaud), et s'est fait latter la gueule. Ced était au bar, a vu son pote se faire tabasser par une dizaine de mecs, a essayer d'intervenir, s'est pris un coup de poing et un enorme coup de pied dans les reins.
Oui, ils sont bourrés, evidemment, mais je les crois. Fred aussi. Il est hors de question pour les deux de remonter sur le bateau.
Ced me dit "rentre, ça coutera moins cher, et puis tu as envie de faire la traversée". Je suis à coté de la plaque, et me dis oui, ça va il est ok, je rentre en voilier. Je demande à fred; je fais quoi ?, je reste?, il aquiesce, doucement, reste avec lui, on s'en sortira, il va pas bien.

Et là ça a été le début du parcours.
Laurent a été transféré à bastia. Opéré. Ced, je l'ai laissé pour la journée, histoire de faire les deux sacs à dos, dormir une derniere nuit sur le bateau, rassembler les affaires, trouver comment rentrer. Il ne marche pas trop, a du mal à se lever. Je repars le lendemain matin, à 6h, avec les 25 kg de sacs, direction  clinique. Il pleut comme vache qui pisse. Je tiens à peine sous le poids. Fred, cet amour; m'aise pour les sacs. Je reste le matin, laurent est parti, j'ai tres peur des résultats.
Mais tout est ok. Je me prépare à chercher les billets pour le ferry, le tgv, le taxi. Et puis je me dis "rapatriement""assurance".
Eh ben ça a marché. On a été rapatrié. Comme des nababs. Moi avec. Ambulance de porto à ajaccio, chaise roulante, avion de ajaccio à nice, prioritaire, avion de nice à orly, chaise roulante, ambulance d'orly à paris, chez ses parents.
Et par dessus tout, son grand pere est mort hier, alors que ses parents nous accueillaient, et qu'il apprenait finalement qu'il avait quand meme une cote cassée (ce que ces connards de medecins corses n'ont pas vu;, ils ont juste parlé de traumatisme lombaire). Et moi, pour la premiere fois, je voyais mon 3e neveu, le fils de ma petite soeur, qui a accouché le matin de mon départ (j'ai été la première avertie, et la derniere à le voir).
Bref, on est crevé, je flippe de l'imapact de cette agression sur lui , de la mort de son grand pere, je suis heureuse d'avoir vu mon neveu, je me suis pas posée depuis 4 jours.
Les autres sont rentrés en bateau (forcément!). 30 noeuds de vent (jusqu'ici on était content quand on en avait 12, 14). ils n'étaient plus que 5, dont 3 nanas, dont une à foutre à la cuve.
Ils ont eu 3 orages, ont vraiment eu peur, même le capitaine, ont vu 2 tornades au loin (réellement), ont penché à 45° pendant 40h.
Je me dis que finalement on a été chanceux.

Ca a été des vacances extraordinaires, on est vraiment heureux de ces 10 jours; meme si la fin est merdique, je suis tombée amoureuse de la mer, et ced, même malheureux d'avoir raté la traversée de retour avec des vents portants, semble quand même heureux ausi. Faut juste que je le fasse pas rigoler, parce que ça lui fait mal aux côtes.

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Commentaires
V
la musique des 80's, ils n'en ont cure (attention, y'a un piège !)
M
Eh, les Corses ont des gouts très sur en terme de musique, sur (et franchement, je pense qu'il y en a des biens, de Corses...mais pas au café del M... à Bonifacio...)<br /> J'espere revenir vite Fab. Bises.
F
Ce que n'ont pas aimé les Corses, c'est la musique des années 80..ils ne supportent PAS !!!<br /> <br /> A bientôt Maz...<br /> <br /> F, Un demi Corse sympa...
M
Bordel ce que ça a été bien.. J'ai raté le piknik? Eh la rdj, j'ai plus internet (mon pere se fait dégroupé et je l'ai toujours pas chez noi)....<br /> Liri, ma belle, ça va ?<br /> Manu, ca va toi aussi?<br /> Je me connecte quand je peux, les gars, je repars encore une semaine dans le sud...<br /> Miss you...
B
même pas dégobillé, je suis épatée! Et pour le manque de vent, j'en ai été victime aussi, malheureusement... En tout cas, c'est terrible à lire tes aventures, bon retour à bord!
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